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Production Maintenance n°71

PRÉVENTION DES RISQUES

PRÉVENTION DES RISQUES / HSE transfert de responsabilité. Le pompier d’usine fait le tour minutieux des lieux pour s’assurer que tout est correct. Il revient deux heures après sur les lieux pour s’assurer qu’un feu n’est pas en train de couver. QUELQUES DÉTAILS Pour un départ de feu, il faut la présence simultanée d’un comburant, d’une source de chaleur et d’un combustible. Nous citons ci-après une liste non limitative de quelques occurrences, parfois sous-estimées. Comburant Le comburant le plus commun est l’oxygène de l’air : un des moyens de lutter contre un départ de feu naissant est donc de créer une ambiance sans oxygène pour étouffer le départ de feu, par exemple en l’étouffant par un gaz inerte, donc irrespirable (CO2, vapeur d’eau, azote…). Il convient cependant de s’assurer qu’il n’y a pas à proximité présence d’une source d’oxygène pur (en bouteille ou en conduite), ou d’air enrichi en oxygène. Le peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée concentrée) est aussi un puissant comburant sous forme liquide. L’oxygène peut être contenu dans des produit solides, tel que les nitrates (c’est le cas de la poudre noire, ou encore de l’ammonitrate, qui s’est illustré à Beyrouth l’été 2020, mais aussi à Toulouse en 2001 ou à Brest et Texas-City en 1947), ou les chlorates qui forment avec de nombreux corps combustibles pulvérulents (fleur de soufre, poussière de charbon…) des composés déflagrants (les cheddites – cf. explosion ferroviaire d’Avize en juin 1918). La nitroglycérine est un trinitrate. Sources de chaleur Les sources de chaleur sont multiples en matière de maintenance, à commencer par tout ce qui fait usage de chalumeau, de poste de soudure électrique ou de découpage à la torche, de tronçonneuse ou de meuleuse (l’incendie de la cathédrale de Nantes en Juin 1972 a été causé par un chalumeau non éteint). Les câbles ou flexibles d’alimentation et leurs raccordements devront être en état impeccable, et donc soigneusement vérifiés. On s’assurera notamment du bon isolement des câbles et équipements électriques, et des bonnes mises à la terre, notamment des pièces qu’on soude. En zone ATEX, il convient également d’éviter les étincelles provoquées par les outillages en acier, en utilisant des outillages en bronze, et, sur le plan des outils portatifs ou instruments de mesure utilisant l’électricité, en employant du matériel antidéflagrant ou à sécurité intrinsèque. Mais il y a également les échauffements dus au courant électrique, que ce soit par effet joule ou par la présence d’étincelles, ce qui est fréquent dès qu’on se met à bricoler des alimentations provisoires vite installées. Ce sera par exemple l’alimentation de postes de soudure rotatifs alimentés en triphasé, bricolées à partir d’un coffret, en tâtonnant jusqu’à trouver l’ordre des phases permettant au rotor de tourner dans le bon sens. Ou le bricolage d’installations d’éclairages, en particulier si l’on utilise de bonnes vieilles lampes à incandescence qui dégagent beaucoup de chaleur, (origine de l’incendie du sous-marin « Perle » en juin 2020, et de l’incendie qui en Angleterre ravagea le château royal de Windsor en novembre 1992) – inconvénient qu’ont beaucoup moins les ampoules LED. On fera attention aussi à ce que les écrous de bronze fixant les connexions restent bien serrés (le faible coefficient de frottement du bronze les rendant propices au desserrage avec les vibrations). On ne saurait que trop recommander une vérification périodique des échauffements par un appareil de thermovision. Il ne faut pas oublier non plus les étincelles provoquées par l’électricité statique, quand les mises à la terre et à la masse sont défectueuses, ou quand il y a frottement plastique sur plastique. On peut également citer les échauffements dus aux combustions lentes, en particulier dans les tas de charbon, mais aussi les poussières combustibles rencontrées dans le travail du bois ou les industries alimentaires à base de céréales. Et aussi les échauffements produits par les frottements (métal sur métal par exemple). D’une façon plus générale, il faudra vérifier qu’il n’y a aucune source de chaleur, ni aucun point chaud à proximité. COMBUSTIBLES GAZEUX Les gaz combustibles qui sont à l’origine de la définition des zones ATEX sont bien entendu les plus dangereux. C’est le plus souvent la famille des gaz hydrocarbonés et leurs combinaisons. Mais aussi l’oxyde de carbone CO, l’ammoniac NH3, le toxique hydrogène sulfuré H2S et aussi l’hydrogène H2, dont un large développement est prévu dans le futur, qui est un gaz extrêmement furtif, pouvant fuir même dans des circuits préalablement testés avec du CO2 sous pression, et qui brûle avec une flamme difficilement détectable, à peine visible. Parmi ces gaz, on distinguera les plus légers que l’air (hydrogène, méthane) qui ne demandent qu’à monter : s’ils sont en local clos, il faudra donc toujours prévoir une ouverture à l’air libre dans les plafonds. Par contre les hydrocarbures du type propane ou butane sont des gaz plus lourds que l’air : en cas de fuite ils s’accumuleront dans le sol, et pénétreront dans les caniveaux et égouts… Il ne faut pas oublier, en maintenance de réfrigérateurs, que les anciens fréons et leurs familles, difficilement inflammables mais destructeurs de la couche d’ozone, ont été remplacés comme fluides frigorigènes par des hydrocarbures (isobutane), fluides qui sont susceptibles de s’enflammer ou d’exploser en cas de fuite (l’explosion d’un réfrigérateur causa l’épouvantable incendie de la tour d’habitation Grenfell Tower à Londres dans la nuit du 13 au 14 Juin 2017). 58ı PRODUCTION MAINTENANCE • N°71 • octobre-novembre-décembre 2020

PRÉVENTION DES RISQUES / HSE © iStock COMBUSTIBLES LIQUIDES Les hydrocarbures liquides plus ou moins volatils, essences, fiouls, graisses, huiles (notamment celles utilisées dans les circuits sous pression dits « hydrauliques » ) et les innombrables solvants inventés par l’industrie chimique sont tous à haut risque, tels par exemple le sulfure de carbone, la MEC (méthyléthylcétone), ou le MIBK (méthylisobutylcarbinol), et bien d’autres produits chimiques. Si l’on doit effectuer une opération de maintenance dans un récipient ou une enceinte ayant contenu de tels liquides, il est impératif de les nettoyer à fond : une technique consiste à y injecter de la vapeur vive pendant au moins une heure ou deux. Il ne faut pas oublier par ailleurs que les transformateurs électriques sont remplis d’huile inflammable, depuis que les chlorophénols difficilement inflammables mais toxiques (pyralène, askarel, clophen) sont interdits, et que ces transformateurs sont donc susceptibles de brûler ou d’exploser (cf l’incendie des transformateurs de 225 KV et 63 KV paralysant le trafic de la gare Montparnasse le 27 Juillet 2018, ou celui du 12 Janvier 2013 paralysant tout le secteur de Neuilly, Levallois et Courbevoie). Le fuel lourd est assez inerte : il est long à s’enflammer, mais une fois le feu parti, il est difficile de le maîtriser. COMBUSTIBLES SOLIDES Reste à parler des combustibles solides, à commencer par le charbon, plus ou moins doté en matières volatiles et en cendres. Il faut noter aussi tout ce qui est solide carboné, à commencer par le bois, mais aussi les matières plastiques, à des degrés différents (ref. la cause probable de l’incendie du sous-marin « Perle » exposé par l’amiral Vandier : « On pense que l’incendie est né d’un éclairage qui a commencé à consumer une feuille de plastique en vinyle qui était dans un coffret en bois », installé dans le cadre des travaux de rénovation). On citera notamment les élastomères (caoutchoucs) notamment ceux utilisés dans les câbles électriques, les tuyaux flexibles et les pneumatiques (aux USA les vieux pneus sont utilisés pour le chauffage des fours de cimenteries). Et on n’oubliera ni le papier, ni le carton, ni les textiles (tel le feu communiqué le 20 Novembre 1992 aux rideaux du château de Windsor par un puissant projecteur placé trop près d’eux lors d’une mission d’inspection, incendie qui fut un chagrin supplémentaire pour la reine Elisabeth, pendant l’ « horrible année 1992 »). Le textile qui résiste le mieux au feu est l’aramide, qui tend à remplacer l’amiante. Il faut surtout se méfier des poussières, qui s’accumulent en particulier dans les charpentes en bois ou en acier, et qui sont promptes à s‘enflammer, notamment dans les industries du bois ou celles traitant des céréales (grains, farines…), comme elles le font parfois dans les silos (coups de poussière – ref. l’explosion des silos à grain de Blaye en Août 1997, avec 11 morts). On ne fera jamais aucun travail de maintenance dans une charpente sans en avoir au préalable soigneusement aspiré la poussière. Un autre combustible dont il faut se méfier, quand on le rencontre, est le soufre, notamment le soufre en fleur qui s’enflamme facilement. Quand les ouvriers constatent un tel départ, ils étouffent le feu en jetant dessus une pelletée de soufre : le SO2 dégagé est un puissant gaz inerte qui l’étouffe. Les composés organiques de soufre sont aussi des solides inflammables, comme beaucoup d’autres produits chimiques solides. Les métaux eux-mêmes sont combustibles, dès qu’ils sont portés à une certaine température. C’est le cas du fer et de l’acier, et celui de l’aluminium : cela a été constaté sur les navires victimes d’incendies dans les conflits navals. De même sont inflammables les poudres métalliques (exemple : aluminium, titane, magnésium). Pour éteindre un feu de métal, il faut employer un gaz inerte, ou du sable sec : mais surtout ne pas employer de l’eau, qui est réduite, en dégageant de l’hydrogène qui explose. Un cas particulier est celui des conduites en acier transportant de l’oxygène pur, où il convient d’éviter toute source de chaleur, par exemple par frottement, pour éviter leur inflammation spontanée : ce qui impose des modes de construction spéciaux pour leurs compresseurs, et parfois des tronçons coupe-feu en cuivre ● Gérard Neyret (Afim) PRODUCTION MAINTENANCE • N°71 • octobre-novembre-décembre 2020 ı59

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