MANAGEMENT REPORTAGE De la GMAO aussi dans le domaine viticole… À l’occasion du dernier salon Sepem Industries qui s’est déroulé à Avignon, Jean-Stéphane Lorini, responsable industriel et infrastructures au sein des vignobles des Domaines du Mas, a animé une conférence portant sur le retour d’expérience de l’outil DimoMaint, montrant qu’une GMAO peut tout à fait prendre sa place dans une exploitation de plus de 120 ans. Jean-Stéphane Lorini Jean-Stéphane Lorini a démarré sa carrière chez Bollhoff Otalu, un sous-traitant de pièces pour l’automobile implanté à Chamberry. Il devient ensuite responsable maintenance chez KSM Production avant de prendre en charge le SAV chez Serinol (constructeur de matériels destinés au traitement des eaux et déchets). Il est entre-temps démarché par allopneus.com afin de finaliser un bâtiment logistique avant de prendre en charge la partie maintenance et travaux neufs. Il intègre les Domaines du Mas en tant que responsable industriel et infrastructures dans le but d’industrialiser le service maintenance et y apporter de la méthode. Présent sur quatre départements dans la région Occitanie, la famille Mas a beau dominer les vignobles du Languedoc depuis 1892 et ses quelque 850 hectares, l’entreprise, qui a pris le nom de Domaines du Mas il y a vingt ans, produit aujourd’hui près de 40% de vin bio. Autre point d’honneur pour son actuel dirigeant Jean-Claude Mas, mettre une réelle harmonie dans le produit et les différents cépages. Mais au-delà du goût et des saveurs, les préoccupations des Domaines du Mas résident dans le process industriel. La pluriactivité industrielle – viticulture, embouteillage (25 millions de bouteilles par an) – et les multiples implantations parfois très éloignées les unes des autres exigent optimisation et méthodes, en particulier dans la maintenance. « Même s’il perdure un état d’esprit vigneron et rural, la croissance du groupe impose l’organisation de certaines activités avec des méthodes industrielles, souligne Jean-Stéphane Lorini, responsable industriel et infrastructures. Implantés essentiellement en Hérault et dans l’Aude, les sites sont nombreux et très distants, allant jusqu’à 500 km entre certains sites industriels ». Pour les 180 salariés du groupe, le goût du travail bien fait n’est pas un vain mot, la performance industrielle non plus. Et pour tenter de garder au maximum cette approche qualité et esprit haut de gamme mais financièrement accessible, cher au président, la transformation digitale de la fonction maintenance s’est révélée être un levier à part entière ; et ce par le spectre de la GMAO. DES PROBLÉMATIQUES MAINTENANCE JUSTIFIANT LA MISE EN PLACE D’UNE GMAO Pourquoi précisément implémenter une GMAO ? Pour Jean-Stéphane Lorini, « la raison prioritaire était d’harmoniser les équipements et les actifs du domaine ; cela a d’abord consisté à réaliser un inventaire de l’ensemble du patrimoine, qu’il soit industriel et technique (équipements de vinification et véhicules repartis sur tous les domaines, conditionnement), immobilier (bâtiment, chai, cave, bureau, gite, écurie etc.) ou portant sur l’ensemble des domaines viticoles et des 850 Ha de vignobles. Une tâche pas simple à mener dans la mesure où ce secteur d’activité est multi-métiers et implique donc un nombre important et une grande variété de matériel ». 40ı PRODUCTION MAINTENANCE • N°71 • octobre-novembre-décembre 2020
MANAGEMENT Paul Mas, c’est aussi l’esprit de vigneron et rural mais avec la croissance d’un groupe au chiffre d’affaires de 65M€, exportant dans 73 pays (en particulier au Royaume- Uni, aux Pays-Bas, en Italie ou encore au Canada) les 120 000 hectolitres produits chaque année. D’où le besoin pour l’entreprise d’organiser nombre d’activités selon certaines méthodes industrielles en raison notamment des nombreux sites. « L’objectif est de rester fidèles à nos valeurs tout en améliorant les process et les interventions de maintenance, d’où la nécessité de créer un pôle maintenance ». Auparavant, seul un service maintenance existait chez Caudeval (le seul site industriel du groupe), et ailleurs, chez des prestataires externes. Le but pour les Domaines du Mas était donc le suivant : élargir et transposer le service maintenance en pôle maintenance, « c’est-à-dire internaliser, augmenter l’expérience et réduire les coûts, gagner en réactivité surtout en période de vendanges et l’aspect qualitatif des interventions ou prestations, maitriser les coûts d’achat des pièces (rationnaliser les hectares des sites viticoles) et parvenir à faire cohabiter l’industrie agroalimentaire et le monde viticole à travers des process industriels ». Enfin, le défi pour le responsable industriel résidait dans le volet digitalisation, sachant que les sites sont très distants. Il fallait pour cela disposer d’une base de données commune pour la maintenance favorisant le retour expérience grâce à une plateforme GMAO unique, d’un outil pour gérer commander optimiser les achats pièces puis, à terme, la possibilité pour la maintenance d’échanger avec le système informatique (SI) : « le but est de remettre l’activité maintenance au cœur de nos préoccupations en l’intégrant dans le SI » LE CHOIX D’UNE SOLUTION ET D’UN PARTENAIRE Comme pour toute relation avec ses fournisseurs et ses partenaires, plus qu’une question de technologie, c’est une histoire de confiance et de personnes ! « La partie humaine très importante pour moi », insiste Jean-Stéphane Lorini. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le spécialiste de la maintenance mène un projet avec les équipes de Dimo ; « nous nous connaissons depuis dix ans ». À l’inverse, bien entendu, et au regard des nombreuses contraintes industrielles auxquelles était confrontée l’entreprise, le relationnel ne suffit pas ; « le produit est certes jeune mais il répond parfaitement aux besoins et est en perpétuelle évolution. À la fois multi-site et multi-magasin, la GMAO de DimoMaint s’appuie en outre sur une technologie Cloud permettant de bénéficier d’une base de données commune à tous les sites et sans oublier la mobilité, une fonctionnalité pour nous essentielle ; à titre d’exemple, lorsqu’un tracteur tombe en panne, la mobilité nous offre la possibilité de travailler à distance, d’autant que chez nous, les interventions se font souvent à l’extérieur et dans des zones peu couvertes par le réseau ». Et Laurence Michel, ingénieure commerciale chez Dimo Maint de préciser : « En matière de mobilité, nous avons développé une application permettant d’utiliser la GMAO hors réseau, et dotée de gros boutons pour que le technicien n’ait pas à se poser de questions. Plus de 3 000 utilisateurs sur l’application mobile aujourd’hui ». Pour autant, ce projet n’était pas simple à mettre en œuvre au départ pour Jean- Stéphane Lorini qui, à son arrivée dans les Domaines du Mas, était étranger au monde viticole. Un audit de deux mois a donc été mené, au cours duquel il avoue avoir passé du temps à apprendre et comprendre le process et les équipements en production, comme les machines de vinification qui ne travaillent que deux mois. De cet audit est née une réflexion sur la codification des équipements et l’harmonisation dans tout le domaine, avec un objectif : utiliser les mêmes codes article, possibilité d’en ajouter sans pour autant casser ce qui est en place et amener de la cohérence entre les sites, reposant sur une seule et même arborescence pour chaque site. L’outil a d’abord été déployé sur la ligne d’embouteillage en raison du flux industriel important et des techniciens de terrain qui connaissaient déjà la GMAO. « Pour la suite, ça va aller vite et nous profiterons de leur retour d’expérience pour former les autres sites pour la partie industrielle mais aussi réglementaire, car celle-ci est considérable » ● Olivier Guillon PRODUCTION MAINTENANCE • N°71 • octobre-novembre-décembre 2020 ı41
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