Dossier GMAO Management Retour d’expérience S’adapter au changement avec la GMAO La concurrence mondiale et la crise qui touche durablement l’industrie française aura au moins permis à de nombreuses entreprises de revoir l’organisation de leur service de maintenance. Mais pour le groupe Gindre, les équipes de maintenance étaient déjà bien organisées et efficaces. Il leur manquait néanmoins un outil GMAO pour leur permettre d’accompagner une démarche lean entamée en 2008, et rester compétitifs sur le marché mondial. Se (re)structurer... Un terme devenu commun aux entreprises industrielles qui ont su opter pour une solution certes efficace mais pas simple à mettre en œuvre. Pourtant, cette solution est nécessaire si l’on veut résister à la pression d’une concurrence de plus en plus féroce sur le marché des composants électriques. Le groupe Gindre fait partie de celles qui ont su réagir... Une question de survie face à des exigences devenues le lot quotidien des industriels du secteur : des délais de plus en plus courts, des produits de qualité élevée aux prix toujours plus compétitifs. Figurant parmi les principaux acteurs mondiaux des conducteurs en cuivre, le groupe Gindre équipe en solutions de moyennes et fortes puissances des grands comptes tels qu’ABB, Alstom, Schneider Electric ou encore Siemens. Avec une production annuelle de 40 000 tonnes, cet industriel français a choisi d’entreprendre une démarche lean manufacturing dans le but de réduire les coûts mais aussi les temps de traversée, stimuler la réactivité et ne surtout pas faire « exploser » le parc de machines. Situé dans l’Isère, le site de Chavanoz abrite un service de maintenance composé de six techniciens et d’un responsable de maintenance. L’équipe travaille en 2-8 et effectue l’essentiel des opérations en interne pour ce qui relève de l’entretien et des réparations du parc (lequel comprend une soixantaine de machines – centres d’usinage, tours CN, presses plieuses, presses de découpe, poinçonneuses...) et du matériel de stockage. Pour ce qui est de la maintenance tertiaire et des équipements de manutention, le service fait appel à la sous-traitance. Créer des indicateurs À l’époque responsable lean maintenance de l’usine de Chavanoz (de 2008 à 2012), Charles Robert* explique que « si le niveau de maintenance était déjà bien avancé, des problèmes persistaient comme les temps de traversées ainsi que la gestion des stocks et des plannings, dont les données figuraient sur des fichiers Excel. De plus, les interventions de maintenance passaient par un workflow ; or, aucun lien n’existait entre ces saisies et la gestion des stocks et des plannings. Il fallait créer une passerelle. ». Devenu entre-temps le responsable des Services techniques sur le site, Charles Robert ajoute qu’il n’avait pas la possibilité d’analyser ni d’exploiter les données dont il ne pouvait extraire aucun indicateur. « Il n’était pas possible pour moi de voir l’efficience de certaines machines. Je perdais un temps énorme pour tenter de créer des indicateurs de coûts de maintenance par exemple. De plus, ces données étaient souvent faussées ». Et c’est sans compter sur les risques générés par les macros des fichiers Excel, fragilisant la base de données. « Pour toutes ces raisons, je souhaitais fermement évoluer vers une GMAO. De plus, une autre filiale du groupe Gindre disposait d’une base de données très riche et qui fonctionnait parfaitement. Le problème menaçait pour incompatibilité avec Windows 7 ; la compatibilité n’a pas pu se faire et le site risquait de perdre toutes ses données. L’idée est donc venue de les intégrer à un projet commun de GMAO ». Flux tendus Afin de résoudre les problèmes de dynamique et de fragilité du système, de manque de performance et d’obsolescence programmée de la gestion de données sur l’autre site, le groupe Gindre s’est orienté vers l’éditeur de GMAO Corim. Mais le service de maintenance n’a toutefois pas attendu une solution informatique pour continuer de s’adapter PRODUCTION MAINTENANCE NOVEMBRE 2013 PAGE 44
Dossier GMAO Management et notamment pour accompagner la démarche lean manufacturing qu’elle avait démarrée en 2008. D’ailleurs, environ six mois avant la mise en place de l’outil GMAO, la société a mis au point un concept, celui de la « machine critique ». Évoluant quotidiennement en flux tendus, l’usine est de plus en plus dépendante du bon fonctionnement des machines. Ainsi a-t-il été décidé de se réunir chaque semaine pour définir une liste de machines critiques – dix maximum – et communiquée au responsable de maintenance. Aussi, en concertation avec les responsables des différents services, des plans de maintenance préventive sont discutés – maintenus, repoussés ou annulés – tous les mois (et valables pour les deux mois à venir). Ainsi, il a fallu intégrer ces deux fonctionnalités dans l’outil GMAO. Un paramétrage qui ne s’improvise pas Le choix s’est donc orienté vers la solution Corim, « en raison notamment de la proximité de l’éditeur, pour son interface très conviviale grâce à sa base Windows et ses visuels », souligne Charles Robert, même s’il ne manque pas d’ajouter que « si le paramétrage est plutôt facile, il est toutefois nécessaire de faire une formation. Cela ne s’improvise pas ! ». Et c’est d’ailleurs le message que le responsable des services techniques entend faire passer. « Nous sommes parvenus à récupérer quatre années d’historique d’interventions sur chaque machine, plus la partie consacrée aux achats. Cela représente un travail énorme et qui ne peut se faire tout seul, en alimentant l’outil une fois de temps en temps. Il faut absolument mettre quelqu’un à temps plein pendant la durée de la mise en place du système. Sans une entière implication et des gens motivés, la GMAO n’a aucun avenir dans l’entreprise ». Charles Robert précise notamment que l’accompagnement a été à la hauteur de ses espérances. D’une part parce que le service n’a eu à faire qu’à un seul et même consultant et que celui-ci a assuré des formations – un à deux jours par mois – nécessaires pour orienter les futurs utilisateurs aux bonnes pratiques de remplissage des données. Longue de près d’un an, cette phase a duré de décembre 2011 à septembre 2012. Coquille vide Globalement, le responsable des services techniques juge que le logiciel a permis de régler les problèmes majeurs qui se posaient auparavant au service de maintenance. La base sécurisée et dynamique et la possibilité de rentrer toutes les informations en quelques clics font de la solution Corim un outil industriel qui a permis à l’entreprise d’optimiser ses opérations de maintenance. Quant à la liste des dix machines critiques établie chaque semaine, elle est directement intégrée dans la GMAO. Le responsable a également accès rapidement à de nombreuses informations utiles comme le nombre de commandes passées dans le mois, le « top 10 » des fournisseurs, les arrêts machines sur une durée déterminée... Enfin, grâce à l’aide d’un ingénieur stagiaire engagé en interne pour faire basculer les données de l’ancien système vers le nouveau, les informations contenues sur les deux sites ont pu être entrées sans problème. « Cela n’a pas trop posé de soucis au niveau du management et de l’acceptation de cet outil, même s’il ressort toujours la volonté de chacun de vouloir tout transposer. Or c’est impossible, mais nous avons réussi à faire accepter cette idée ». Il faut dire que pour déployer un tel système, il est nécessaire de tout rédiger dans des fichiers Excel ; tout y est décrit, chaque machine, chaque matériel y compris le moindre équipement, avec des notions d’ensembles, de sous-ensembles etc., occupant des centaines de lignes et des dizaines de colonnes ! « Il faut avoir à l’esprit qu’au départ, la GMAO est une coquille vide. Au total, cela représente près de 2 000 pièces détachées à Chavanoz, 5 000 dans l’autre site, 427 lignes d’arborescence sur le premier site, 1 500 lignes de parc machines sur le second... Sachant qu’un même équipement peut contenir plusieurs informations... » Opter pour un hébergement en interne Malgré les résultats très satisfaisants de la solution Corim, Charles Robert regrette toutefois d’avoir opté pour un accès full Web. Avec un hébergement de la solution chez l’éditeur, le service est désormais dépendant des coupures de réseau. « Nous avions le choix d’héberger l’outil en interne, d’autant que les coûts sont sensiblement identiques. Mais notre service informatique n’était pas prêt. Aujourd’hui nous subissons les soucis posés par les coupure et nous rencontrons parfois des problèmes de lenteur de connexion. » Cette décision n’est donc pas à prendre à la légère. En matière de « customisation », le responsable a choisi de développer lui-même une fonctionnalité qui consistait à indiquer la durée les temps d’arrêts de chaque équipement. « À chaque fois qu’un technicien déclarait un arrêt machine, j’avais besoin de pouvoir capitaliser ce temps d’arrêt pour ensuite faire le lien sur la perte de production dans l’atelier et m’en servir pour le pilotage des opérations. » Une décision qui, avec d’autres fonctionnalités de ce type, permettra à terme de développer de nouveaux indicateurs de performance et convaincre la direction de l’entreprise de l’utilité d’une GMAO, ce qui n’est pas toujours le cas... Olivier Guillon * Aujourd’hui, Charles Robert est responsable de tous les services techniques de l’usine. Ces services concernent la maintenance, les méthodes, l’outillage et l’industrialisation du site. Par ailleurs, s’il n’est plus affecté au lean manufacturing, il garde un œil sur les réalisations ou les éventuelles transformations effectuées sur le site de Chavanoz. PRODUCTION MAINTENANCE NOVEMBRE 2013 PAGE 45
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