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Production Maintenance n°43

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Dossier spécial : LA SÉCURITÉ DES MACHINES MISE À L’ÉPREUVE

Milieux hostiles

Milieux hostiles Technologie Analyse Bien se préparer avant d’intervenir en milieu hostile Un milieu « hostile » n’est hostile qu’au regard du travailleur chargé d’intervenir dans un environnement particulier. Certes, il peut s’agir d’un milieu hostile au sens climatologique du terme. Mais peuvent être aussi considérés comme hostiles les environnements industriels dans lesquels il est difficile – voire dangereux – de travailler, à l’exemple des Installations nucléaires de base (INB) ou des sites classés Seveso. Dans ce dossier consacré à la maintenance effectuée dans des environnements peu accessibles et dangereux, Bruno Barbanson (Rockwell Automation) donne un éclairage sur ces interventions qui exigent de prendre un maximum de précautions. Il ne faut pas confondre ‘’pénible’’ et «‘’hostile’’, avertit Bruno Barbanson, consultant en stratégies de maintenance industrielle chez l’Américain Rockwell Automation. Bien que les trois se rejoignent. Les travaux pénibles, ceux pour lesquels les sollicitations physiques et/ou psychologiques laissent des traces durables, identifiables et irréversibles sur la santé, sont classés par le législateur en trois catégories de pénibilité: les contraintes physiques marquées, certains rythmes de travail, un environnement agressif. C’est ce dernier point qui correspond à un milieu hostile ». Un milieu hostile dans l’industrie génère des risques tels que l’entreprise est contrainte d’adopter des mesures drastiques afin de protéger au mieux ses opérateurs. Le terme « protéger » implique de fait une notion d’agression potentielle, comme c’est le cas en zones contrôlées dans une INB ou une industrie pharmaceutique par exemple. Si le froid n’agresse pas en tant que tel, l’amiante, les produits chimiques, les projections de liquides corrosifs ou encore les émissions de gaz très polluants, si. « Depuis 2010, le responsable maintenance a l’obligation légale de prévenir la pénibilité des intervenant, d’autant plus s’ils sont soumis à des agressions potentielles physiques – et donc à des milieux hostiles – telles que la pression (travaux en caisson hyperbare), le bruit (préventif sur machines en fonctionnement), la température (travaux à proximité de fours), l’humidité (usines en climat tropical), le rayonnement (intervention sur joints de pompes primaires en centre nucléaire de production d’électricité) ou des agressions potentielles chimiques (risques de dégagement de gaz létaux). De la même manière, on pourrait considérer aussi les travaux en hauteur ». L’utilisation de produits et de substances chimiques (pour le nettoyage par exemple), mais aussi les interventions à l’intérieur des turbines, et de conduites de gaz, dans des capacités notamment, présentent des risques potentiels « d’agression » pour les opérateurs de maintenance, sans pour autant que le site soit classé Seveso ou que les zones d’intervention soient classées Atex. « Lors d’opérations de désamiantage d’un four dans une usine en fonctionnement, il existe d’importants risques de dispersions de particules, à la fois sur les opérateurs dans la zone d’intervention mais aussi dans l’usine toute entière ». Outre les techniciens intervenants, c’est la totalité du personnel du site qui doit être averti et protégé, en commençant par une information sur les risques et sur les procédures d’urgence. Pour lutter contre ce type de risques, il est important d’anticiper, de bien se préparer en prenant en considération tous les risques auxquels les travailleurs peuvent être exposés ainsi que leur environnement. Considérer l’intervention dans son environnement Dans le cas précis du désamiantage d’un four industriel, il est nécessaire de prendre un maximum de précautions d’usage pour protéger le travailleur chargé d’opérer, le plus souvent à la main, et confiner la zone de travail. Les mesures de protection sont donc à prendre dans la zone et à sa périphérie. La première de conditions est de choisir un opérateur spécifiquement formé pour ce genre d’intervention. Il doit avoir déjà une connaissance parfaite des risques auxquels il s’expose mais aussi des mesures et des pratiques qu’il doit adopter. Ces mesures passent par le choix des équipements de protection individuelle (EPI), les décisions à prendre en cas d’urgence, les pratiques à avoir à l’intérieur de la zone, l’organisation autour du chantier etc. Pour cette dernière condition, l’opérateur doit savoir qui fait quoi pour que tout se déroule comme prévu. Si un incident survient, il doit savoir comment agir et quelles décisions prendre rapidement. « On doit considérer l’intervention dans son environnement. Il s’agit d’un gros travail qui consiste en une organisation parfaite ou approchant de la perfection de façon à tout prévoir. C’est elle seule qui permet de pallier toute défaillance en l’anticipant. Cela revient à dire qu’une concertation pluridisciplinaire préalable à toute intervention est indispensable : production, maintenance, sécurité, ressources humaines et autorités de tutelle (Inspection du travail, Médecine du travail)… N’est-ce pas un tableau merveilleux ?... La réalité n’est souvent pas aussi idyllique ! Et sans rentrer dans PRODUCTION MAINTENANCE NOVEMBRE 2013 PAGE 16

Milieux hostiles Technologie Des robots à l’épreuve des milieux hostiles Dans un rapport rédigé en avril 2012, le Pôle interministériel de prospective et d’anticipation des mutations économiques ainsi que la Direction générale de la compétitivité de l’industrie et des services (DGCIS) ont dressé un panorama du marché et des perspectives de la robotique en France. Intitulé « Le développement industriel futur de la robotique personnelle et de service en France », ce rapport a permis de rappeler le rôle de la robotique industrielle dans l’emergence d’applications davantage orientées vers les services à la personne. Surtout, ce rapport n’oublie pas de mentionner l’intérêt de ces technologies – à forts potentiels de développement – pour des opérations en environnement sévères. Robot d’inspection et réparation de canalisation KASRO 4.0 DN200-DN600 Comme l’indiquent les auteurs dans leur rapport, « la robotique industrielle a répondu dans un premier temps au besoin de manipuler de manière répétitive et automatique des objets entre les machines de fabrication proprement dite. […] Le robot industriel est maintenant un produit majeur et répandu à plus d’un million d’exemplaires, utilisé dans de nombreuses étapes de fabrication (manipulation, peinture, soudure) ; il est complété maintenant dans le domaine manufacturier par des robots mobiles de transport ou d’assistance (AGV, picking, assistance au montage) qui ont beaucoup de points communs avec les robots de service. » Concernant tout particulièrement les opérations en milieux hostiles, là encore, la robotique répond aux besoins de manipulation d’objets à distance du fait de leur dangerosité (chimie, explosif), de la nocivité du milieu pour l’homme (nucléaire) ou de la difficulté à s’y rendre (espace). Le rapport rappelle que les premières réalisations ont été justifiées et financées par l’industrie nucléaire dans les années 1950. « Ces robots sont des systèmes électromécaniques, téléopérés. Les développements de l’électronique et de l’informatique ont permis d’introduire dans ces équipements l’assistance à l’opérateur sous diverses modalités (retour d’effort, mouvement automatique sur commande de haut niveau) afin d’améliorer la précision, la vitesse d’exécution et d’enrichir les domaines d’application (déminage, lutte contre le terrorisme, intervention post- accident). Depuis une vingtaine d’années, des moyens importants en R & D ont été mis en place pour étendre les applications robotiques sur les théâtres d’opérations militaires. » Pour les interventions d’inspection et de maintenance en milieux spécifiques (comme les canalisations par exemple), le robot a la lourde tâche d’opérer dans les endroits où l’homme ne peut matériellement pas s’introduire, du moins à un coût acceptable. Il s’agit notamment des réparations de fuites sur les canalisations ; ce type d’application robotique est relativement courant dans la mesure où l’on va pouvoir s’affranchir des travaux de génie civil nécessaires pour solliciter une intervention humaine. des anecdotes, c’est le plus souvent le mainteneur qui va décider et assumer toutes les responsabilités depuis la première consignation jusqu’à l’évacuation des déchets ultimes…qui peuvent, eux aussi, devenir hostiles dans la suite de la chaîne… ». Des risques sur la santé, immédiats ou sur le long terme Les risques peuvent toucher toutes les parties du corps, les yeux, les mains, les membres... à l’extérieur comme à l’intérieur… Il est donc important de tous les lister de manière exhaustive, et cela ne peut se faire qu’en réunissant toutes les composantes autour de la table. « Il faut insister très lourdement sur ce point. C’est ce qui se pratique dans l’oil & gas notamment, en raison des risques évidents que ce domaine d’activité représente. Toutefois, malgré toutes les mesures prises, on ignore encore les effets du cumul de petites doses de polluant reçues en ‘quantité légale’ dans le temps. L’asbestose en est un exemple tragique. Une communication étroite avec la médecine du travail doit être entretenue. Mais là encore, il s’agit d’un garde-fou. ». L’impact de cette préparation d’intervention sur la maintenance est contraignant. L’intervention est beaucoup plus fine, donc beaucoup plus longue à mettre en œuvre. Elle implique davantage de monde et doit courir sur des délais rallongés de façon à préparer tout le monde et définir une zone d’opération. Pour le soudage par exemple, dans le nucléaire, il faut de une à deux heures pour entrer en zone contrôlée, s’habiller correctement, et autant pour se contrôler, se déshabiller… ce qui représente presque un tiers d’une journée d’un opérateur. De plus, les coûts sont d’autant plus élevés, à mesure qu’augmentent les risques, que ce soit en équipements de protection, en consommables, en technologies associées et en personnel qualifié. Des coûts plus élevés, des risques importants qui peuvent coûter eux aussi très cher, des temps d’intervention plus longs alors que l’activité doit garder le même rythme, le tout pour une qualité d’intervention maximale... « Pour autant, lorsqu’il s’agit d’une intervention peu fréquente, le budget est là, la préparation complète, tous les services attentifs à la bonne exécution. Mais lorsqu’il s’agit d’une intervention devenue routinière, bien connue, régulièrement planifiée, le risque d’incident, voire d’accident augmente avec le temps. Quel mainteneur n’a jamais ôté son masque anti-poussière ne serait-ce que quelques secondes pour se rafraîchir le visage ? En général, tout se passe bien. Mais une fois PRODUCTION MAINTENANCE NOVEMBRE 2013 PAGE 17

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