Production Maintenance n°41

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ACTUALITÉS Formations-RH Entretien Les Compagnons du Devoir, la solution à la pénurie de main-d’oeuvre dans la maintenance ? Présente sur le salon Industrie Lyon 2013, l’association des Compagnons du Devoir s’est fortement impliquée dans l’industrie depuis plus de dix ans. Aujourd’hui, les métiers de la filière représentent 10% des formations dispensées chaque année avec une part significative de la maintenance. Éric Fant, responsable de l’Institut des métiers de la mécanique et de la mécatronique au sein de l’association, nous décrit les moyens d’action engagés pour attirer un maximum de jeunes dans des secteurs qui souffrent d’une image négative. Production Maintenance Quelle est la mission des Compagnons du Devoir ? Éric Fant. Les Compagnons du Devoir est une association Loi de 1901 qui exerce trois grandes activités principales. La première est la plus connue et concerne la formation de près de 10 000 jeunes dans divers métiers, du CAP à la Licence Pro, en partenariat avec le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam). Nous avons d’ailleurs l’ambition d’étendre ce degré de formation au grade de Master dans les deux ans à venir. Puis, ces mêmes jeunes ont également la possibilité de faire le Tour de France des Compagnons du Devoir et de réaliser une première expérience en France ou à l’international pendant un an. L’idée est avant de former les jeunes à un large éventail de métiers dans l’artisanat, l’industrie ou le bâtiment par exemple, de les faire progresser et d’aller au bout de leurs capacités ; l’ambition de notre association n’est donc pas de les mener systématiquement à Bac +3, ce n’est pas l’objectif. Une autre grande activité des Compagnons du Devoir est l’hébergement et la restauration des jeunes que l’association forme. Pour une somme maximale de 500 euros par mois, nous formons, hébergeons et nourrissons les élèves. Enfin, la dernière grande activité des Compagnons du Devoir est la formation continue de personnes salariées souhaitant acquérir de nouvelles techniques d’application ou se perfectionner sur de nouveaux produits, transmettre leur savoir et leur expérience à travers des contrats de génération. Car depuis toujours, la base du compagnonnage s’appuie sur cette transmission de compétences et de savoir-faire. L’association est composée d’instituts des métiers ; quels sont leur rôle ? Les Compagnons du Devoir comptent aujourd’hui dix-neuf instituts. Il s’agit de centres d’expertise animés par les Compagnons du Devoir et des membres du Tour de France reconnus au sein de leurs professions. Celles-ci sont variées et vont des métiers du goût aux métiers de la carrosserie en passant par les couvreurs, la Ici, à la Foire technologique d’Hanovre, en avril dernier ; le drone conçu par Festo à partir d’un modèle de libellule attire les foules... de jeunes. © Olivier Guillon DR L’association les Compagnons du Devoir forme chaque année près de 10 000 jeunes dans divers métiers maçonnerie, les matériaux souples, la tuyauterie industrielle, le génie climatique, la mécanique de précision et l’outillage ou encore, c’est le cas de l’institut dont j’ai la charge, les métiers de la mécanique et de la mécatronique. L’objectif de ces centres est de garantir la pertinence des formations proposées par l’association. Elles ont également pour missions de promouvoir les différents métiers qu’elles représentent à l’occasion de salons ou de forums, d’établir des contacts avec les entreprises, de réaliser une veille technologique auprès des entreprises et des pôles de compétitivité notamment, et voir si ces nouvelles technologies peuvent être transposées dans certains métiers avant de les adapter aux formations. Enfin, les instituts rencontrent les entreprises pour y placer les jeunes. Ils participent aussi activement à la mémoire à travers la réalisation de témoignages et de retours d’expérience recueillis auprès des jeunes. Quelles difficultés rencontrez-vous dans ce travail de promotion des métiers ? Si la notoriété des Compagnons du Devoir est bien ancrée dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, nous devons travailler davantage dans les métiers de l’industrie. Pour ce faire, nous multiplions nos actions et profitons notamment de notre quarantième année de présence PRODUCTION MAINTENANCE MAI 2013 PAGE 12

ACTUALITÉS Formations-RH au salon de l’Industrie pour continuer de présenter nos métiers auprès des jeunes. En termes d’image, la maintenance subit comme le reste des métiers industriels une sorte d’acharnement médiatique en raison des plans sociaux et des fermetures d’usines. Cette image négative ont provoqué depuis déjà un certain nombre d’années une perte d’attractivité de la part des filières techniques alors que de nombreux industriels ont des emplois à offrir. De la même manière, les salaires ne sont pas forcément bas. Enfin, ces métiers ne sont pas voués à disparaître dans la mesure où les technologies nouvelles et de plus en plus complexes nécessitent davantage d’interventions aux niveaux de la maintenance ou de la conception. Il y a une tendance aussi dans le développement de logiciels de plus en plus conviviaux et faciles d’utilisation qui permettent de rendre les métiers de la maintenance plus attractifs ; ils ne restent cependant que des outils et il demeure essentiel pour les futurs techniciens et responsables de maintenance d’acquérir les connaissances nécessaires en physique des matériaux, en mécanique des fluides ou encore en réaction de certaines matières lors des opérations d’usinage. Dans nos modules de formation, nous conservons toujours une place prépondérante des connaissances conventionnelles avant de s’attaquer à la commande numérique et aux outils logiciels. Que représentent les métiers de la maintenance au sein de l’association ? Nous formons environ 10 000 jeunes par an, essentiellement dans le secteur du BTP, des métiers de bouche et dans l’industrie qui représente un millier de personnes, ainsi que les matériaux souples. Dans les métiers de l’industrie, nous formons des électriciens, des mécaniciens – dont près de 300 mécaniciens de maintenance tant dans le domaine de la fabrication que sur des machines spéciales – des chaudronniers ainsi que des mécaniciens de précision. Nous formons également des jeunes dans l’industrie sur des engins de travaux publics et la fabrication de biens spécifiques. Pour les métiers de la maintenance à proprement parlé, les Compagnons du Devoir forment des jeunes à la fois dans les opérations de maintenance préventive et de maintenance curative. Que proposez-vous concrètement en matière de formations pour la maintenance ? Nous formons essentiellement sur les méthodes de process. La première année, nous nous en tenons au métier et à la technique. L’objectif est que le compagnon soit capable après sa formation d’intervenir sur tous les systèmes de production, qu’ils soient hydrauliques, pneumatiques, électriques, etc. La deuxième année est davantage consacrée à l’enseignement d’un esprit d’analyse, au fait d’acquérir des méthodes de gestion, de planification... L’idée est de former le jeune non plus seulement à la réparation ou aux techniques d’opérations correctives mais la modification et à l’amélioration d’un système ou d’une machine. Enfin, durant la troisième année (ou Licence professionnelle), nous les formons au management, qui passe par la gestion de projet et d’affaires, comprenant notamment les aspects budgétaires et humains, la relation client ainsi que tout ce qui a trait au cahier des charges. Mais notre objectif d’ici deux est de dispenser d’une formation Master dans le but de les former à des responsabilités administratives, de sites, de ressources humaines, mais aussi à la reprise d’entreprise. Propos recueillis par Olivier Guillon PRODUCTION MAINTENANCE MAI 2013 PAGE 13