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Production Maintenance n°40

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Maintenance à distance : comment s’y prendre ?

Tribune libre Retour

Tribune libre Retour d'expérience L'attitude à adopter face à une avarie Lorsque l’on est confronté à une avarie sur un équipement, les réactions et les méthodes de mise en œuvre de plans d’action diffèrent très sensiblement selon les entreprises et les secteurs industriels. Les contraintes bien spécifiques et l’environnement souvent hostile dans lequel évolue le navire en navigation (1) , imposent un état d’esprit bien particulier dans le traitement de la panne d’un équipement embarqué. Rien de telle qu’une avarie majeure en plein milieu d’une mer démontée pour faire monter l’adrénaline de l’équipage et remettre en question ses certitudes de terriens. Tout marin, qu’il soit plaisancier sur son bateau « pêche promenade » ou capitaine d’un supertanker type ULCC (2) , a dû un jour subir (3) une panne sur un équipement important (4) pouvant, le cas échéant, obérer la sécurité nautique et/ou celle des personnes à bord. Même si les fonctions les plus sensibles à bord bénéficient toutefois de redondances pour justement pallier une avarie majeure et maintenir ainsi le bateau à flot en toute sécurité, un équipage adopte très rarement une attitude désinvolte lorsqu’il est confronté à un dysfonctionnement ou à la perte d’un équipement majeur ; de surcroît si le bateau se promène au milieu de nulle part. Dans une telle situation, il est par ailleurs toujours plus prudent de ne pas oublier que la loi de Murphy (« Si une chose peut mal tourner, elle va infailliblement mal tourner. ») n’est pas nécessairement restée à quai et qu’elle peut également s’appliquer en pleine mer… Une avarie ? : une attitude, un objectif En pleine mer, une panne doit toujours être appréhendée avec sérieux et attention ; et ceci quelque soit la nature de la panne, la fonction opérationnelle assurée ou le type d’équipement en cause. Une investigation minutieuse, une analyse exhaustive des risques et un plan d’action complet doivent être toujours menés sans délai. L’équipage se doit également d’être pleinement conscient de la situation et des probables conséquences induites par une panne. Dès lors qu’une avarie majeure survient en pleine mer, il convient d’adopter une attitude telle que l’on sera sûr de pouvoir la traiter correctement, rapidement et de manière fiable, quelles que soient les conditions dans lesquelles cette avarie apparaît. Tout en affichant une certaine sérénité, il est primordial qu’à tout instant, et en particulier en gestion de crise (5) , l’équipage fasse montre de sang-froid, d’enthousiasme et de détermination tout en sachant prendre suffisamment de hauteur et de recul sur l’évènement. Si ce type d’attitude dépend sensiblement de la personnalité de chacun, une réflexion approfondie préalable par « temps calme » est fortement recommandée. C’est ce qui est d’ailleurs pratiqué par les soldats prévus d’être déployés en zones de conflits dans lesquelles la gestion de crise en milieu hostile est une tâche quasi quotidienne. Il s’agit, entre autres, de visualiser les différentes conditions critiques dans lesquelles ils risquent d’être confrontés et de pousser une réflexion personnelle sur soi-même quant aux réactions à avoir et la posture à adopter. Une avarie doit également être traitée dans le cadre d’une analyse des risques techniques intégrant impérativement : - le respect de la SST ; DR (1) Isolement, exigüité, mauvaise météo, mouvements de plateforme, restrictions logistiques, communication aléatoire, etc. (2) ULCC : ultra large crude carrier (déplacement pouvant dépasser 600 000 tonnes) (3) Tant soit qu’il navigue régulièrement (4) Exemple : moteur propulsion, appareil à gouverner, groupe de réfrigération, groupe électrogène,… (5) Du type de la gestion d’une avarie grave PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 58

Tribune libre - la sécurité nautique ; - et, autant que possible, la continuité de la mission du navire (transit, pêche, opérations scientifiques, ravitaillement à la mer, etc.). Par ailleurs, la volonté de réparer pour tendre vers un état de disponibilité opérationnelle nominale, doit, autant que faire se peut, demeurer l’unique cible à atteindre. On ne peut en effet se satisfaire d’une situation dégradée sans avoir le sentiment d’avoir tenté tout ce que l’on peut. Pour autant, il n’est bien entendu pas question d’obtenir au final un équipement quasi-neuf. Une réparation de fortune provisoire peut être entièrement satisfaisante dès lors que la fonction demandée par l’équipement est, au final, assurée. Un état d’esprit conquérant Pour entamer les opérations de maintenance corrective consécutives à une avarie (i.e. stabilisation de la situation, investigation, réfection et surveillance), l’équipe en charge des réparations doit impérativement adopter un état d’esprit conquérant pour tendre vers son objectif dans les meilleurs délais et pour une durée suffisante (6) . La réflexion et le plan d’action sont à mener de telle manière à ne pas faire inconsciemment abstraction de certains facteurs (7) ainsi qu’à ne pas passer à côté de solutions qui pourraient être évidentes et rapides à mettre en œuvre. Dans ce sens, on ne se privera pas d’utiliser de manière judicieuse des outils d’aide à l’investigation et à la résolution de problèmes (ex. : MAXER, AMDEC, 5W+2H, Ishikawa, etc.). Par ailleurs, tout au long du traitement de la panne, il convient de faire preuve de pugnacité, de ténacité et de persévérance. On s’interdira cependant tout entêtement pouvant parfois conduire à adopter des solutions erronées ; une capacité de remise en cause savamment dosée est très souvent payante. Une ressource humaine nominale Il n’échappe à personne que, sur un navire en pleine mer, les ressources humaines sont très limitées, restreignant en particulier les compétences et la main d’œuvre. C’est pourquoi, face à une avarie majeure, il est important que tout le monde disponible à bord (8) puisse, le cas échéant, être sollicité. Tout l’équipage doit en effet se sentir concerné par une panne et, dans la mesure du possible, être impliqué dans la résolution du problème. L’esprit d’équipage, dans lequel l’expression « tous dans le même bateau » doit alors prendre tout son sens et devenir un atout. Si la panne dépasse les compétences de l’équipe de réparation, le capitaine d’un navire s’assure alors que l’ensemble de son équipage puisse avoir l’opportunité de donner son avis (9) . Et ce quelque soit le grade, l’ancienneté ou les fonctions à bord. La synergie et l’empathie doivent ainsi être favorisées. (6) C’est-à-dire, au mieux jusqu’au retour au port ou, au moins, jusqu’à ce que le navire trouve un mouillage sûr (7) Humains, environnementaux, financiers, opérationnels,… (8) C’est dire la totalité de l’équipage et, le cas échéant, les passagers (9) Pertinent ou non PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 59

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