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Production Maintenance n°40

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Maintenance à distance : comment s’y prendre ?

Prévention des risques

Prévention des risques au travail Interview Quelques règles simples pour se protéger du froid Face au froid, se couvrir n’est pas aussi simple que cela en a l’air. Et les risques ne se limitent pas à un simple rhume. Comme l’explique Marjolaine Lin, responsable technique au sein du Syndicat national du marché de la prévention et de la protection (Synamap), spécialisée dans les questions de normalisation et la veille stratégique, respecter la législation en vigueur et agir avec du bon sens permettent de réduire les risques de façon significative. ➤ Production Maintenance : Dans l’industrie, à quels enjeux et risques sont confrontés les opérateurs qui travaillent à l’extérieur (l’hiver) et dans des bâtiments où les températures sont faibles ? Marjolaine Lin : Les situations d’exposition au froid le plus souvent rencontrées concernent le travail dans un local ouvert ou non (entrepôts, entrepôts frigorifiques, abattoirs, conditionnement de produits frais ou surgelés, entretien ou réparation de chambre froide) et le travail à l’extérieur (BTP, industrie des transports…). En milieu professionnel, de nombreuses situations d’exposition au froid peuvent donc être rencontrées et engendrer des risques plus ou moins graves. Cependant, il n’existe pas de seuil de température défini à partir duquel un risque existe. Chacun ressent le froid selon des critères physiques, climatiques ou encore individuels. Les risques qui peuvent être rencontrés concernent notamment la perturbation de l’activité manuelle et une imprécision des gestes. Une exposition directe au froid cause principalement des gelures plus ou moins importantes selon la sensibilité de la personne atteinte et son niveau d’exposition au froid. Elle provoque également des assoupissements, des crampes et de l’hypothermie (baisse de la température corporelle à moins de 35°C), caractérisée par l’apparition de frissons, fatigue, confusion, une perte de connaissance. Dans des situations extrêmes, l’hypothermie peut entraîner un coma et même provoquer la mort. ➤ Quels sont les risques pour l’entreprise et à quelles réglementations/ obligations est-elle soumise ? Non seulement travailler dans un environnement froid peut être dangereux directement pour la santé des travailleurs (hypothermie, gelures et engelures..), mais aussi indirectement pour l’entreprise du fait des risques liés à la baisse de dextérité manuelle et de vigilance mentale qui augmentent les taux d’accidents du travail. Ainsi, l’un des principaux risques pour l’entreprise est celui de la perturbation de l’activité manuelle. Les gestes sont plus imprécis, les risques de chute par glissade sont multipliés. Il devient également plus difficile de se déplacer en extérieur (dans la neige, à pied, en voiture…). C’est pourquoi la prévention des risques liés au froid impose en priorité d’éviter ou de limiter les expositions prolongées au froid. Si ce n’est pas possible, des mesures de prévention concernant la conception ou l’aménagement des postes et des situations de travail doivent être mises en œuvre. Ce dispositif doit être complété par la mise à disposition de vêtements et d’équipements individuels de protection contre le froid. En ce qui concerne la réglementation, il n’y a aucune indication de température minimale dans le Code du travail mais certaines dispositions répondent au souci d’assurer des conditions de travail adaptées et de prévenir les risques liés au froid. Ainsi : • Article R. 4225-1 : Postes de travail extérieurs (3°) : protection des salariés contre les conditions atmosphériques • Article R. 4213-7 : Ambiance thermique : la conception des équipements et les caractéristiques des locaux de travail sont conçues de manière à permettre l’adaptation de la température à l’organisme humain pendant le temps de travail, compte tenu des méthodes de travail et des contraintes physiques supportées par les travailleurs. • Article R. 4213-8 : Les équipements et les caractéristiques des locaux annexes et des locaux de travail, notamment des locaux sanitaires, de restauration et médicaux, sont conçus de manière à permettre l’adaptation de la température à la destination spécifique de ces locaux. • Article R. 4223-13 : Ambiance thermique : les locaux fermés affectés au travail sont chauffés pendant la saison froide. Le chauffage fonctionne de manière à maintenir une température convenable et à ne donner lieu à aucune émanation délétère. • Article R 4223-15 : l’employeur prend, après avis du médecin du travail et du comité d’hygiène de sécurité et des conditions de travail ou, à défaut, des délégués du personnel, toutes les dispositions nécessaires pour assurer la PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 52

Prévention des risques au travail protection des travailleurs contre le froid et les intempéries ➤ Selon vous, les métiers de la maintenance sont-ils particulièrement touchés ? Pourquoi ? Les métiers de la maintenance sont en effet particulièrement touchés par cette problématique du froid puisque les opérateurs peuvent fréquemment être amenés à travailler en ambiances froides (températures inférieures à 5°C.), que ce soit en extérieur (froid naturel) ou en intérieur (froid artificiel). C’est le cas principalement dans les installations frigorifiques de l’industrie alimentaire, où l’exposition au froid excessif (-25°C.) peut s’avérer parfois importante. Pour des travaux en extérieur, le risque est accru par une exposition au vent (refroidissement éolien) et à l’humidité. ➤ Que préconisez-vous pour ces métiers en termes d’équipements d’une part, et de bonnes pratiques d’utilisation (et erreurs à ne pas commettre) d’autre part ? 1) En matière de gants Pour la maintenance industrielle, les gants habituels doivent protéger contre les risques mécaniques, à sec ou en milieux humide, huileux ou de produits chimiques particuliers (acides etc.). Donc les gants à utiliser dans ce cadre sont typiquement des gants réutilisables, tricot coton ou haute ténacité (Dyneema etc.) selon les risques de coupure, revêtus sur la main (dos aéré) d’un polymère adapté pour la résistance à l’usure et les salissures de graisses etc. (nitrile). Des gants cuirs ou tricot revêtu PU doivent être réservés pour des utilisations à sec. En cas de contact significatif avec des substances chimiques, un gant à manchette longue entièrement revêtu de nitrile (huiles/graisses) ou néoprène, PVC (acides, mélanges) devra être préconisé. Le choix dépend de ces principes par rapport à la protection, mais le gant doit avoir la meilleure conception souhaitée en épaisseur, flexibilité etc. pour apporter le meilleur compromis résistance et protection/confort et dextérité. Dans le cas de travail en extérieur humide et froid, il faut préférer des conceptions de gants avec tricot tout enduit sur la main pour mieux isoler et éviter de mouiller le gant, qui fait perdre l’isolation. Il convient de faire attention : certains matériaux, en particulier le nitrile, durcissent fortement au froid atmosphérique (en dessous de 10°C.). Ceci peut réorienter le choix. On peut aussi avoir un intérêt à porter un sous-gant tricot pour mieux isoler du froid, mais ceci fait perdre beaucoup de dextérité. En ce qui concerne les conceptions, les tendances utiles pour les métiers de la maintenance sont : • Gants de plus haute protection à la coupure, toujours plus fins et plus fonctionnels, grâce à des tricots utilisant des combinaisons de fils techniques • Revêtements à fort pouvoir agrippant, permettant une bonne préhension y compris en milieu humide ou gras 2) En matière de chaussures Les chaussures doivent être antidérapantes et pourvues d’une bonne isolation thermique. Les bottes en cuir à semelles de caoutchouc doublées en feutre sont le mieux adaptées au travail lourd dans un environnement froid parce que le cuir est poreux, ce qui permet aux bottes de « respirer » et à la transpiration, de s’échapper. Il est possible d’imperméabiliser les bottes en cuir avec certains produits qui ne bloquent pas les pores du cuir. 3) En matière de vêtements Les employés d’entretien et de maintenance de bâtiments, de lignes électriques et de certains appareillages industriels sont particulièrement soumis aux conditions climatiques. Il est donc évidemment primordial qu’ils utilisent des vêtements adaptés à un travail en environnement froid, assurant une bonne protection thermique. Pour cela, il leur est tout d’abord recommandé de porter plusieurs couches de vêtements. Ainsi, la tenue vestimentaire la plus efficace est composée de trois couches : la couche interne (les sous-vêtements), la couche moyenne (pull et pantalon en laine) et la couche externe dont le vêtement spécialisé (parka, anorak, pantalon) est isotherme. La couche située la plus près du corps doit être isolante et doit éloigner l’humidité de la peau afin de la maintenir sèche. La norme EN 343 spécifie les exigences et les méthodes d’essais applicables aux matériaux et coutures des vêtements de protection contre les intempéries, brouillard et humidité au sol et la norme EN 342 s’applique aux vêtements de protection contre le froid. Il est important de choisir les vêtements permettant une mobilité et une dextérité optimale et assurant le meilleur compromis possible entre le niveau de protection et les exigences inhérentes de la tâche à effectuer. Car l’objectif est que l’EPI contre le froid ne génère pas un inconfort qui peut avoir des incidences sur la pénibilité du travail (mobilité réduite, diminution de la dextérité manuelle, augmentation de la dépense énergétique lors de l’exécution de la tâche…) et occasionner d’autres risques. 4) Protection du visage et des yeux : Dans des conditions de froid extrême, lorsqu’on a recours à une protection du visage, il faut séparer la protection oculaire de celle du nez et de la bouche afin d’empêcher que l’humidité contenue dans l’air expiré ne vienne embuer et geler les lunettes. Il importe de choisir des lunettes protectrices adaptées au travail à effectuer et qui protègent contre les rayons ultraviolets du soleil, l’éblouissement de la neige et des cristaux de glace, et les vents forts. 5) Protection de la tête Il convient d’assurer une bonne protection thermique de la tête. Le port d’un bonnet ou d’un casque de sécurité avec doublure isolante permet d’empêcher une perte de chaleur excessive. Attention toutefois : sous un casque, on ne doit pas mettre n’importe quel bonnet car sinon celui-ci ne serait pas bien calé sur la tête. Il faut mettre à la place un cache-col (ou protège cou) vendu avec ou séparément par le fabricant ■ Propos recueillis par Olivier Guillon PRODUCTION MAINTENANCE ➤ JANVIER, FÉVRIER, MARS 2013 ➤ PAGE 53

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