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TECHNOLOGIES REPORTAGE

TECHNOLOGIES REPORTAGE Comment Neofor veut rendre sa prochaine usine autonome en énergie Industrie 4.0, relocalisation, efficacité énergétique et autonomie… on peut dire que la future usine Neofor, spécialiste de la récolte et la préparation de bois pour la production de panneaux destinés à différentes industries, coche toutes les cases ! D’ailleurs, sans surprise, ce nouveau site industriel constituera une vitrine de l’industrie 4.0, label bien connu décerné par l’Alliance pour l’industrie du futur (AIF). Prochainement implantée à Mende, en Lozère, à proximité des célèbres forêts du Mont Mimat, des Causses et des Cévennes, la future usine de Neofor sera mise en service en 2024. Celle-ci sera chargée de produire des panneaux de bois massif « multicouches » à partir de collage de feuilles de bois, un procédé breveté qui aura pour effet de relocaliser en France une activité de transformation du bois des forêts françaises en produisant des panneaux en bois durables et à très haute valeur ajoutée. Pour Jérôme Lescure, fondateur et Pdg de Neofor, « ce projet passe par une exploitation raisonnée des forêts locales et le respect de leur diversité de peuplement. Nous sommes fiers de participer activement à la réindustrialisation de nos territoires locaux, permettant ainsi de créer plus de 80 emplois directs. Dans cette usine, nous voulons valoriser l’intégralité de l’arbre et viser l’autonomie énergétique. » Pour le dirigeant, la planète donne beaucoup à Neofor, d’où la création de cette usine qui, en permettant déjà de produire des panneaux de bois habituellement importés (le plus souvent d’Asie), réduira de fait les émissions de CO 2 ... l’usine s’approvisionnant en bois dans un rayon de moins de 100 km. Mais la dimension environnementale de cette usine s’illustre surtout par un projet énergétique durable, visant le « zéro carbone ». « Notre région est un vivier de diversité naturelle ; et celle-ci se trouve au coeur de notre capacité de production mais en France, cette richesse forestière est souvent mal exploitée. Nous menons chez Neofor une stratégie à long terme permettant d’accompagner la replantation des forêts de façon plus durable et équilibrée ». D’ailleurs, l’entreprise n’exploite que des arbres âgés entre 60 et 100 ans. Directrice financière de l’entreprise lozérienne, Marie- Pierre Pradeau est également chargée de piloter la construction de la nouvelle usine. « Celle-ci mélange les résineux et les feuillus, rendant possible cet équilibre entre les espèces. » COMBINER INDUSTRIE 4.0 ET EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE Ré-internaliser la production de panneaux de bois massifs multicouches de grandes tailles (2,5x1,2 mètres maximum) n’est pas chose simple. Après la récolte du bois (pas moins d’une dizaine d’essences d’arbres – à la fois feuillus et résineux – sont exploitées), des bouts de 2,6 mètres de long sont alors préparés coupés, dépourvus de l’écorce, saturés en eau dans une étuve puis déroulés via une lame horizontale. Profitant de nombreuses solutions « 4.0 », la maintenance est elle-même très connectée et prévisionnelle ; celle-ci bénéficie par exemple de nombreux automates disposés sur les lignes de production, notamment au niveau du déroulage, partie dotée de robots et de capteurs qui récupèrent et enregistrent chaque donnée évitant ainsi de perdre cet apprentissage obtenu dans le traitement d’une essence d’arbre. Des caméras sont également disposées pour garantir la qualité de la fibre. De grandes feuilles sont alors massicotées puis triées pour enfin être séchées, assemblées, reliées entre elles et collées dans le fil (dans le sens de la croissance du bois). Les panneaux massifs multicouches sont ensuite destinés à des usages dits « nobles » du bois et prennent la direction des menuiseries et autres aménageurs d’ameublement. « Ce process au rendement exceptionnel nous permet déjà de produire de manière efficace et économe en ressources ». Mais pour Neofor, cela ne suffit pas. La réflexion s’est donc portée sur la production de bois utilisé, soit 50 000 m³ sur les quelque 100 000 m³ de matière premières. « 50% de notre bois non utilisé L’atout de Neofor réside en partie sur la diversité des espèces d’arbres utilisées pour la fabrication de panneaux 16ı PRODUCTION MAINTENANCE • N°80 • février - mars - avril 2023

TECHNOLOGIES comme l’écorce, le bois abîmé ou ayant subi des effets de délignage ou de ponçage restent de la matière à valoriser, souligne Jérôme Lescure. C’est pourquoi nous en avons fait un carburant alimentant une centrale biomasse à la vertu double : d’une part, celle-ci produit de la chaleur de nos besoins de production ; d’autre part, elle produit – un peu – d’électricité. Bon an mal an, nous produisons autant d’énergie que l’en on consomme ». Un pas de plus vers l’autonomie énergétique. Pour ce faire, Neofor a fait appel à Engie Solutions, et ne semble pas déçu du partenariat engagé avec l’énergéticien. « Nous fonctionnons en binôme, lequel doit fonctionner en parfaite harmonie », insiste Jérôme Lescure. Engie, représenté par Rémi Marchand, responsable Travaux et grands projets pour la région Auvergne-Lozère, s’est attelé à la tâche, spécifique comme pour chaque client : « pour chacun des projets, c’est du cas par cas. Ici par exemple, contrairement à un projet “classique” où Engie, dont le rôle est d’exploiter la centrale, a le choix du combustible, cela n’a pas été le cas avec Neofor : nous avons donc dû nous adapter. De la même manière, l’énergie étant destinée avant tout au process, aucun arrêt n’est toléré ». Fort d’un partenariat de quinze ans pour l’exploitation et la maintenance du pôle énergétique de la future usine, Engie Solutions a proposé à Neofor une chaudière Vue aérienne de la future usine à bois à co-génération afin de délivrer une chaleur constante. La chaleur produite est délivrée par un fluide thermique (ou colporteur) donnant ainsi la possibilité de travailler à basse pression et à des niveaux de température différents. Le surplus de chaleur produite pouvant être utilisé pour alimenter les installations CVC (chauffageventilation-climatisation), voire être revendu (même si ce n’est pas la vocation première de ce système). Sur le plan économique, les chiffres ne laissent pas une place au moindre doute : « en comparant le coût de l’énergie sur les quinze dernières années, c’est plusieurs millions d’euros qui ont été économisés… et remis en perspective dans le contexte actuel, nous en sommes à plusieurs dizaines de millions d’euros d’économies ! » ● Olivier Guillon ©Bonnet et Teissier Architectes Le point sur la production d’énergie de la futur usine lozérienne L’essentiel de la production de chaleur sera assuré par la consommation des rebuts de production de l’usine pour alimenter une centrale de cogénération biomasse de 13 MW de chaleur et 1,5MW d’électricité. Ancrée dans les problématiques actuelles de décarbonation de l’industrie française, cette infrastructure biomasse bénéficie du soutien du fond chaleur de l’Ademe. Les besoins en électricité seront couverts par l’installation de 8 400 m² de panneaux photovoltaïques qui permettront de produire chaque année 2GWh d’électricité. La quantité produite par cette centrale photovoltaïque et la turbine de cogénération couvrira la majorité des besoins en électricité du process et une partie excédentaire d’environ 1GWh/an sera réinjectée dans le réseau public. Un processus de production innovant basé sur des technologies connues et éprouvées PRODUCTION MAINTENANCE • N°80 • février - mars -avril 2023 ı17

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