Production Maintenance 80

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ACTUALITÉS EXCLUSIF Observatoire Réseau tendances économiques du marché L’équipe de l’Observatoire Réseau maintenance, spécialisée dans le marché de la maintenance industrielle depuis 1988, réalise chaque année une enquête de conjoncture auprès des donneurs d’ordres industriels afin d’avoir une vision précise de l’évolution des dépenses de maintenance et des budgets de sous-traitance qui en résultent. Le résultat de ces travaux est mis en perspective avec les prévisions macro-économiques et sectorielles réalisées par Pair-Conseil et Valouy Conseil. L’ÉCONOMIE EUROPÉENNE DANS LA TOURMENTE D’UNE SUCCESSION DE CRISES MAJEURES Alors que l’économie mondiale évoluait dans un contexte inflationniste, l’invasion de l’Ukraine par la Russie est venue ajouter une série de chocs exogènes majeurs qui compliquent le retour à un trend de croissance économique dit « normal ». À la suite du grand confinement, durant la première vague de la crise sanitaire, l’économie mondiale avait connu dès 2021 un fort rebond de la demande qui s’est trouvé confrontée à un déficit de l’offre ; la production n’arrivant pas à s’adapter aussi vite à la prise de commandes. La supply chain industrielle restait fortement perturbée notamment en raison des politiques zéro covid qui continuaient à limiter la production industrielle à l’échelle mondiale. Ce déséquilibre entre l’offre et la demande a engendré une spirale inflationniste historique, laquelle a été accentuée par des effets connexes (spéculations sur les marchés, phénomènes climatiques générant des pénuries). Début 2022, alors que l’inflation s’installait dans l’ensemble des économies mondiales, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a induit une crise énergétique sans précédent qui est venue heurter de plein fouet les économies européennes directement concernées par ses conséquences. Malgré les différentes mesures d’urgences prises par les gouvernements européens (hausse des taux directeurs pour tenter d’endiguer l’inflation, mesures à l’intention des ménages et des entreprises), les États européens ne peuvent éviter une dégradation de l’activité économique d’ensemble par l’apparition d’effets de seuils. Ces derniers se caractérisent par des reports d’achats ou d’investissement dans des biens ou des services dont le prix est jugé trop élevé par rapport aux autres contraintes financières des ménages et des entreprises. En moyenne l’inflation a bondi de +5,2% en 2022 surtout portée par les prix de l’énergie et ceux des matières premières. Même si le risque de récession s’atténue, notamment en raison d’un hiver clément qui limite la consommation énergétique et,par effet direct, la progression des prix de l’énergie, la situation économique devrait continuer à s’opérer dans un contexte toujours contraint. La poursuite de la guerre en Ukraine, mais également la crise sanitaire chinoise devraient continuer de peser sur l’activité économique des pays européens engendrant des chocs exogènes par nature non prévisibles pouvant être à l’origine de pénuries ponctuelles et de déséquilibres sur les marchés commerciaux. L’Europe, plus exposée que ses partenaires à l’international aux effets directs et indirect de la guerre en Ukraine, voit l’euro s’affaiblir par rapport au dollar ce qui complexifie d’autant la compétitivité à l’international et la résolution des problèmes énergétiques (l’essentiel des transactions mondiales étant réalisé en dollars américains). « Alors que les niveaux de production industrielle française venaient juste de retrouver leurs moyennes de longue période, ils connaissaient un nouveau point d’inflexion à mettre en lien avec la crise énergétique. » Dans un contexte de reprise progressive des différentes activités industrielles, l’industrie française prise dans son ensemble retrouvait début 2022 des niveaux de production proches de la normale. Mais avec le démarrage de la guerre en Ukraine, les tensions sur 8ı PRODUCTION MAINTENANCE • N°80 • février - mars - avril 2023

ACTUALITÉS maintenance : de la maintenance industrielle Évolution du taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie manufacturière (%) 89 84 79 74 T2 - 82.6 T3 - 81.6 T4 - 80.7 69 64 59 1981-T3 1982-T2 1983-T1 1983-T4 1984-T3 1985-T2 1986-T1 1986-T4 1987-T3 1988-T2 1989-T1 1989-T4 1990-T3 1991-T2 1992-T1 1992-T4 1993-T3 1994-T2 1995-T1 1995-T4 1996-T3 1997-T2 1998-T1 1998-T4 1999-T3 2000-T2 2001-T1 2001-T4 2002-T3 2003-T2 2004-T1 2004-T4 2005-T3 2006-T2 2007-T1 2007-T4 2008-T3 2009-T2 2010-T1 2010-T4 2011-T3 2012-T2 2013-T1 2013-T4 2014-T3 2015-T2 2016-T1 2016-T4 2017-T3 2018-T2 2019-T1 2019-T4 2020-T3 2021-T2 2022-T1 2022-T4 les prix des matières et des énergies ainsi que le changement de donne sur les flux énergétiques (menaces sur l’approvisionnement 20 en gaz de l’Europe), cela a contribué à alimenter la spirale inflationniste induisant un alourdissement généralisé 18 et hétérogène du poids de la facture énergétique sur les ménages et les entreprises. 16 Les ménages subissent une perte de pouvoir d’achat, et même si en France cette dernière 14 est partiellement compensée par les augmentations de salaires et les mesures d’aides du gouvernement, elle génère 12 des effets de seuils dans les comportements d’achats, la consommation étant recentrée sur les dépenses jugées nécessaires. Il en est de même pour les entreprises qui sont prises entre l’étau d’augmentation de la masse salariale et celui de l’inflation des intrants de production tout cela dans un contexte où certaines doivent gérer des investissements stratégiques et urgents pour réduire le coût des énergies dans leurs activités. 15.6 L’adaptation des acteurs économiques à la conjoncture 13.7 a un effet global de ralentissement de la demande et par effet induit de l’activité industrielle. Il faut toutefois noter que cette dernière reste toujours impactée par un phénomène de stagflation (stagnation des prix à un niveau élevé), le coût de l’énergie en étant la principale cause. Certaines entreprises fortement énergivores n’ont 19.2 d’autres choix que de mettre leur unité de production sous cocon tant que la valeur de 17.7 la production restera inférieure aux coûts de production. Cette situation 15.4 marque toutefois des hétérogénéités entre les différentes activités industrielles, la dernière enquête de l’observatoire publiée en novembre 2022 distinguait toujours deux groupes de secteurs, ceux qui avaient réussi à rattraper voire dépasser leur moyenne d’activité et 10 10.0 PRODUCTION MAINTENANCE • N°80 • février - mars -avril 2023 ı9